Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 avril 2010 1 05 /04 /avril /2010 08:39

 

Le Trail des Citadelles est le deuxième Ultra dont je prends le départ.

Je sais que pour espérer finir, il faut être costaud physiquement et mentalement.

Le physique :

A l'inverse de la préparation du GRP 2009, je n'ai pas échafaudé un plan d'entrainement hyper ambitieux et structuré sur de multiples semaines.

Tout d'abord parce que je n'avais quasiment fait aucune des séances prévues sur le plan GRP et ensuite parce que j'avais frolé le surentrainement, ce qui avait favorisé mon entorse de début Aout, et avait failli entrainer mon forfait.

Je m'en suis donc tenu à mes 3 séances hebdomadaires, avec participations à quelques courses et double sortie certains week ends.

Résultat : le plaisir avant tout et jamais l'impression d'être "obligé" d'aller au charbon, et des loisirs pas seulement axés sur la CAP.

Conséquence :avec une telle préparation, l'objectif ne peut être "que" de terminer, sans aucune autre ambition chronométrique.

Le mental :

J'ai découvert le Trail en tant que spectateur un dimanche de Paques 2006, alors que mon frère Michel participait au Mini Trail d'alors ( 14 km ).En 2007, je l'encourageais pendant sa tentative sur le 71 km, et le voyais abandonner sur blessure à Montferrier.

Mais c'était trop tard, j'avais attrapé le virus du trail et me mettais à courir pendant l'été 2007 dans le but de participer au 20 km de l'édition 2008, alors que Michel en reprenait l'organisation.

En 2009, je me lançais sur le 40 km, couvrant pour la 1ere fois une telle distance.

En 2010, enchainement logique, je suis donc au départ du 73...

Lavelanet - 04 avril 2010 - 6h du matin

Alors que les 3 derniers jours je stressais à mort,je me trouve étonnament serein à l'heure de prendre le départ.

Copie de IMG 2234

Après le briefing et la "dédicace" de Michel, je prends un départ tranquille en milieu de peloton.

Copie de IMG 2235

On court à 10 km/h, le corps montant doucement en température.

Le peloton s'étire doucement, et c'est naturellemnt , presque sans forcer que l'on arrive sur les Crêtes de Madoual. Je suis parti avec les batons en main, leur utilité étant évidente dans les premières portions boueuses.

On passe à proximité de Montségur, mais cette année je bifurque à gauche vers Bélesta, et c'est comme si je réalisais à peine que çà y est, cette année, je fais la "course des grands".

P1030671

Grâce à ma dernière reco, je connais bien ce secteur et je déroule tranquillement jusqu'à Bélesta.

A l'entrée du village, j'ai la surprise de voir Estelle et Maël .

P040410 08.150002

Bélesta - km18 - 8h19 - ( 2h19 de course / 40' d'avance sur la barrière horaire )

Ma soeur me pointe à l'entrée du 1er ravito , tandis que ma mère est au service.

Je passe dix bonnes minutes au chaud, sans stress. Je m'alimente, recharge le camel.

Les kikous Benos et Auvermarc, ainsi que Béatrice Fabre ( organisatrice du Trail de  Queribus ) en profite pour me dépasser.

Je rattrape Benos juste avant ma"résidence secondaire" de Barjac, à l'endroit ou le balisage est personnalisé !

P1030673

P1030674

On s'éleve ensuite vers Millet, je gère mon effort.

P1030675

P1030676

On enchaine de beaux passages dans les bois.

P1030677

P1030678

Je rattrape et double Béatrice au niveau du Gélat, elle me dit être parti un peu vite.

Je rejoins Marc avec qui je resterais jusqu'à Fougax.

De Couquet, on aperçoit le pog de Montségur qui parait encore bien loin...

P1030680

Dans la descente vers Fontestorbes, Marc produit quelques figures libres.

P1030683

Dans la partie roulante entre Fontestorbes et Fougax,on commence à serrer les dents et çà devient dur de relancer même sur le plat.

P1030684

  Fougax - km33 -  10 h49 - (4h49 de course,1h10 d'avance sur la barrière horaire )

Au ravito, j'ai la surprise de retrouver Estelle. J'en profite pour enfiler un tee shirt sec + le coupe vent. Je garde le maillot long dans le sac au cas ou..

J'ai une grosse faim et passe donc un moment au ravito à avaler soupe, saucisson, tucs, fromage, coca.

Je repars du ravito regonflé à bloc, prêt à en découdre avec Montségur.

P1030686P1030687

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette partie sera une des plus "dures", la boue étant vraiment collante par endroit et une douleur tendineuse derrière le genou droit faisant son apparition.

P1030688

Je pense à Michel et à son abandon de 2007, je pense aussi à mon GRP et à mon calvaire à cause de cette même douleur.

P1030689

Les giboulées nous offrent une animation supplémentaire, l'alternance de soleil et d'averses de grésil obligeant à enchainer habillages et déshabillages..

P1030690

Montségur est en vue. Je serre les dents pour grimper jusqu'au chateau. Dans la montée je croise Benos, Marc et Béatrice qui me dit aller mieux.Benos, fidèle à lui-même me lance un " Ben, qu'est ce que tu fous ?! ".

Je bats le record de temps de visite du chateau et entame la descente.

Projet1.jpg

En cours de descente, la douleur disparait et c'est donc de nouveau confiant que j'arrive au prochain ravito.

P1030691

Montferrier - km 48 - 14h04 - ( 8h04 de course - 56' d'avance sur la barrière horaire )

 P040410 13.440004

Estelle est de nouveau là avec Maël, je me restaure rapidement et refais le plein du camel.

Je ne me rends certainement pas compte à quel point il est précieux de voir ainsi ces proches, de passer ces quelques minutes en leur compagnie...

P1030692

Marc est aussi là et s'étonne que je l'ai rattrapé alors que j'ai l'impression d'être descendu cool.

J'ai en tête que l'année dernière mes ennuis avaient commencé après ce ravito et je ne tarde donc pas à repartir.

P040410 13.590001

Entre Montferrier et Silence

 

Passage sous le pont de Silence, les jambes commencent à manifester leur ressentiment et à rechigner à trottiner. une nouvelle douleur tendineuse apparait derrière le genou droit, ce coup-ci côté extérieur.

P1030695

 

 

En route vers Roquefixade, un regard vers Montségur au loin derrière.

P1030698

Arrivée en vue du chateau de Roquefixade, après une traversée du village désert. Personne pour partager ma route depuis Silence, pas un membre de l'organisation depuis la sortie du Bois de Mondini ( et jusqu'au ravito de Roquefort ), une impression de solitude et de lassitude m'envahit peu à peu .

Je décide que je sortirai le mp3 au ravito de Roquefort pour me motiver à finir et me concentrer sur autre chose que la douleur.

P1030699

Juste après le village , une concurrente me rejoint alors qu'il se remet à pleuvoir.

P1030700

Arrivés à l'embranchement du sentier du chateau, elle m'interpelle, disant que c'est pas possible , qu'il ne faut pas "remonter" au chateau !

Je la précède, insiste en lui montrant les rubalises omniprésentes mais elle hésite encore.

Cette montée est un calvaire, en plein vent glacial mais arrivés en haut on a droit à la plus belle vue du jour.

P1030702

Dans la partie suivante, je servirais de guide grâce à mon GPS et à ma connaissance du terrain, afin d'indiquer aux concurrents autour de moi la distance et le temps restants avant la prochaine barrière...Et les concurrents me serviront en partie de "lièvre" pour relancer un minimum.

Roquefort - km 63 -16h57 - ( 10h57 de course - 33' d'avance sur la barrière horaire )

Au ravito, je retrouve Marc et la bonne humeur des bénévoles, évacuant le stress engendré par ce début de contre la montre.

Je fais un pit stop rapide et nous décidons avec Marc  d'aller au bout ensemble, ce qui nous semble alors tout à fait réalisable...

J'ai de plus en plus de mal à trottiner sur le plat mais Marc me motive et nous alternons la marche avec des petites longueurs courues.

Dans les parties pentues, c'est à moi de motiver Marc en lui indiquant le menu de ce qui nous reste à parcourir.

17h42, j'appelle Estelle, elle me dit être à Raissac.Je lui dit qu'on y sera dans une vingtaine de minutes.

Mais les minutes passent à une vitesse folle sur ma montre  alors que le compteur kilometrique du GPS ne s'affolent pas , lui.

Une fois passé Pereille d'en Bas, une ultime petite côte nous sépare de Raissac.

P1030706

Il est 18h, il nous reste 500 m de  descente sur route pour atteindre la barrière .En 2009, il aurait été trop tard, cette année,l'organisation à rajouter une demi heure qui n'est pas un luxe pour nous...

Barrière de Raissac- km 68 - 18h10 - (12h10 de course - 20' d'avance sur la barrière horaire )

26371_385183698855_828918855_3749211_1078864_n.jpg

Estelle,Thomas et Mélanie partagent notre joie. Ca y est, on sait maintenant que l'on va finir ce trail,c'est un gros poids qui s'envole.

En même temps , je ressens une certaine culpabilité trouble, pensant à ceux que l'on a cotoyé plus tôt et qui resteront bloqués ici à deux pas de l'arrivée.

Un peu comme si on embarquait dans des canots de sauvetage,et qu'une fois pleins , on soit obligés de laisser les suivants sombrer avec le navire...

Marc ne cessera d'ailleurs de répéter "cette barrière est trop cruelle", ressentant alors la même chose que moi.

Mais il nous faut avancer encore, gravir ce mur de Raissac et parcourir cette crête finale toujours aussi interminable.

P1030707

La fin est un calvaire pour moi, je ne peux plier la jambe gauche sans souffrir le martyr, mais je serre les dents et j'avance.

Les derniers lacets sont terribles, on s'accroche aux arbres, beaucoup tombent lourdement, le dernier toboggan ne fait rire que les spectateurs mais la ligne d'arrivée est là,toute proche.

Copie de IMG 2319

Copie de IMG 2320

Michel est là, il nous prend en photo, me donne une tape sur l'épaule qui vaut tous les discours du monde.

Marc lui dit que la barrière de Raissac est trop cruelle...

Quelques marches, quelques mètres, quelques larmes contenues et c'est l'arrivée.

Copie de IMG 2321

Tmp0001B

Nous sommes finishers du Trail des Citadelles, nous l'avons fait.

2010-Avril-Mai-Juin 0302

13h27 dans la boue pour pouvoir dire "je l'ai fait" ?

Ou, moins évident, pour se sentir autre, se dire que quand on est capable de réaliser ce genre d'"exploit", de subir et d'encaisser les contraintes de cette épreuve, il y a certaines futilités qui ne méritent plus de nous gacher le quotidien, certains efforts dérisoires  qui ne devraient plus nous paraitre insurmontables, bref qu'il faudrait arrêter de se noyer dans un verre d'eau quand on est capable de patauger aussi longtemps dans la boue ! ;-)

Merci de m'avoir lu jusqu'au bout, et laissez moi  un commentaire , çà fait toujours plaisir ! :-)

 


 


Partager cet article
Repost0

commentaires

M
Ca fonctionne encore les commentaires huit ans plus tard ? En tous cas l'émotion est toujours là à la lecture. Je révisais pour la prochaine session archives sur la page fb de la course.
Répondre
Y
Oui les commentaires fonctionnent encore ! Et merci pour le clin d'oeil sur FB.
A
<br /> c'était le début du "virus", un bon début !  Que de chemins parcourus depuis ......<br /> <br /> <br /> et la passion est toujourss là !  <br /> <br /> <br /> Bravo & bonne continuation, en se ménageant quand même. <br />
Répondre
Y
<br /> <br /> En ce moment je fais plus que me ménager...<br /> <br /> <br /> <br />
A
je ne me lasse pas de voir et revoir encore ce trail, nouveau pour toi, mais que tu as réussi avec panache (et souffrance!). Tes commentaires sont supers, quelle philosophie, bravo !<br /> Ta maman qui t'aime très fort.
Répondre
Y
<br /> <br /> Merci Maman <br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Merci pour ton récit, j'étais sur le 40km ce jour là, une grande découverte aussi pour moi, j'ai refait le 40km cette année, et le 73km sera pour l'année prochaine (2012)... Et ta conclusion est<br /> parfaite, arrêter de se plaindre au moindre petit accroc de la vie courante...<br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> je viens de lire votre récit, bravo, belle témérité!<br /> <br /> <br />
Répondre
Y
<br /> <br /> Merci beaucoup.<br /> <br /> <br /> <br />